Madame Merkel (CDU) a-t-elle définitivement introduit en Allemagne, avec comme initiateur Monsieur Schröder, la notion de travail démonétisé ?
La valeur du travail chez nos voisins a été particulièrement baissée avec la création de catégories de personnes (environ 5 millions, ou plus selon d’autres calculs), ayant obligation d’exercer un emploi pour quelques euros de l’heure (autour de 4 €), après une certaine période de chômage, et ceci dans le cadre généralisé de jobs intérimaires ou partiels, sous peine de ne plus bénéficier d’aucune aide sociale, ou bien celle-ci, dans certaines conditions, ramenée à un montant quasi symbolique de l’ordre du subside. Le concepteur de cette idée d’un travail « payé », même très peu, au lieu de l’assistance chômage (le terme « assurance » aurait ainsi disparu) est Monsieur Peter Hartz ancien responsable des ressources humaines chez Volkswagen et conseiller, en son temps, du chancelier Gerhard Schörder (SPD). Il donnera son nom à cette règle, devenue dispositif légal, avec des évolutions successives pour arriver, aujourd’hui, à « Hartz IV », quatrième du genre. Il est à noter que ces mini salaires s’accompagnent de contraintes fiscales, pour l’entreprise, elles aussi extrêmement basses. Démonétiser le travail, en l’occurrence, serait le fait de détruire, de discréditer la notion de celui-ci par une double action : absence de valeur humaine dans la non reconnaissance des compétences professionnelles d’une personne (puisque le travailleur se doit d’accepter toute proposition possiblement déconnectée de sa formation ou de son expérience) et valeur marchande du travail abaissée, par le biais du montant du salaire particulièrement faible. Le contexte allemand doit être rappelé : concurrence des travailleurs limitrophes (par exemple la Pologne) qui apportaient une main-d’oeuvre peu coûteuse, réunification du pays avec l’arrivée de travailleurs (et de chômeurs) est-allemands aux salaires structurellement bas, présence importante et historique de « Gastarbeiter », les travailleurs immigrés intra ou hors Union Européenne (Turquie, Grèce, et les pays anciennement issus du « bloc de l’Est »). L’ensemble de ces facteurs humains s’est rajouté au contexte récent de difficultés économiques en Europe, et donc aussi en Allemagne, liées à la grave crise bancaire, et de confiance, elle-même mondiale. Pour gérer ces complexités successives, les responsables politiques et économiques à Bonn, puis à Berlin, ont été dans l’obligation de trouver un axe qui devait aplanir, ou plutôt agréger, des exigences contradictoires porteuses de conflits internes à hauts risques (chômage pléthorique, haine entre les allemands de l’ouest et de l’est, rejet des étrangers..) et ce qui a prévalu se trouvait dans le cœur même de la problématique : d’un côté protéger au maximum les piliers du dynamisme allemand (essentiellement les secteurs industriels et chimiques mais aussi la recherche et l’innovation), ne pas alourdir les coûts salariaux des PME, et de l’autre, conséquemment, ramener les prétentions sociales à un niveau qui ne pouvait que baisser (pour un grand nombre de citoyens) afin d’éviter toutes tendances inflationnistes. Nous ne pouvons que constater le succès des opérations : la cohésion sociale en Allemagne est, bon gré mal gré, maintenue, l’activité industrielle aussi, les exportations tout autant. Alors, dans la création de ces nouvelles catégories (de « pauvres travailleurs », nous somme passés à la réalité de « travailleurs pauvres »), pouvons-nous y voir LA solution universelle, à dupliquer un peu partout en Europe ? De quelles conséquences la démonétisation du travail est-elle porteuse ? D’une inflation classique, ne sommes-nous pas passés à l’inflation d’une nouvelle pauvreté, strate supplémentaire, étonnante, d’une société de plus en plus éclatée ? De la valeur du travail, nous arrivons à un travail sans valeur(s). Observer ce qui se passe en Allemagne amène à réagir contradictoirement, où une certaine admiration (jalousie ?) se mêle à une angoisse d’un avenir qui pourrait nous ramener vers des situations ambiguës, avec des comportements sociaux et culturels difficiles à appréhender (trop de frustration, trop de polarisation : personnes âgées très nombreuses, enfants absents du fait d’une natalité réduite, trop de travailleurs sans avenir et dévalorisés, classes moyennes et hautes protégées) qui diffusent un goût indéfinissable dans une appréciation simplement heureuse de cette situation. Mais espérons que ce modèle (temporairement allemand ?) aboutira un jour sur une organisation économique et sociale stabilisée et conviviale.
La valeur du travail chez nos voisins a été particulièrement baissée avec la création de catégories de personnes (environ 5 millions, ou plus selon d’autres calculs), ayant obligation d’exercer un emploi pour quelques euros de l’heure (autour de 4 €), après une certaine période de chômage, et ceci dans le cadre généralisé de jobs intérimaires ou partiels, sous peine de ne plus bénéficier d’aucune aide sociale, ou bien celle-ci, dans certaines conditions, ramenée à un montant quasi symbolique de l’ordre du subside. Le concepteur de cette idée d’un travail « payé », même très peu, au lieu de l’assistance chômage (le terme « assurance » aurait ainsi disparu) est Monsieur Peter Hartz ancien responsable des ressources humaines chez Volkswagen et conseiller, en son temps, du chancelier Gerhard Schörder (SPD). Il donnera son nom à cette règle, devenue dispositif légal, avec des évolutions successives pour arriver, aujourd’hui, à « Hartz IV », quatrième du genre. Il est à noter que ces mini salaires s’accompagnent de contraintes fiscales, pour l’entreprise, elles aussi extrêmement basses. Démonétiser le travail, en l’occurrence, serait le fait de détruire, de discréditer la notion de celui-ci par une double action : absence de valeur humaine dans la non reconnaissance des compétences professionnelles d’une personne (puisque le travailleur se doit d’accepter toute proposition possiblement déconnectée de sa formation ou de son expérience) et valeur marchande du travail abaissée, par le biais du montant du salaire particulièrement faible. Le contexte allemand doit être rappelé : concurrence des travailleurs limitrophes (par exemple la Pologne) qui apportaient une main-d’oeuvre peu coûteuse, réunification du pays avec l’arrivée de travailleurs (et de chômeurs) est-allemands aux salaires structurellement bas, présence importante et historique de « Gastarbeiter », les travailleurs immigrés intra ou hors Union Européenne (Turquie, Grèce, et les pays anciennement issus du « bloc de l’Est »). L’ensemble de ces facteurs humains s’est rajouté au contexte récent de difficultés économiques en Europe, et donc aussi en Allemagne, liées à la grave crise bancaire, et de confiance, elle-même mondiale. Pour gérer ces complexités successives, les responsables politiques et économiques à Bonn, puis à Berlin, ont été dans l’obligation de trouver un axe qui devait aplanir, ou plutôt agréger, des exigences contradictoires porteuses de conflits internes à hauts risques (chômage pléthorique, haine entre les allemands de l’ouest et de l’est, rejet des étrangers..) et ce qui a prévalu se trouvait dans le cœur même de la problématique : d’un côté protéger au maximum les piliers du dynamisme allemand (essentiellement les secteurs industriels et chimiques mais aussi la recherche et l’innovation), ne pas alourdir les coûts salariaux des PME, et de l’autre, conséquemment, ramener les prétentions sociales à un niveau qui ne pouvait que baisser (pour un grand nombre de citoyens) afin d’éviter toutes tendances inflationnistes. Nous ne pouvons que constater le succès des opérations : la cohésion sociale en Allemagne est, bon gré mal gré, maintenue, l’activité industrielle aussi, les exportations tout autant. Alors, dans la création de ces nouvelles catégories (de « pauvres travailleurs », nous somme passés à la réalité de « travailleurs pauvres »), pouvons-nous y voir LA solution universelle, à dupliquer un peu partout en Europe ? De quelles conséquences la démonétisation du travail est-elle porteuse ? D’une inflation classique, ne sommes-nous pas passés à l’inflation d’une nouvelle pauvreté, strate supplémentaire, étonnante, d’une société de plus en plus éclatée ? De la valeur du travail, nous arrivons à un travail sans valeur(s). Observer ce qui se passe en Allemagne amène à réagir contradictoirement, où une certaine admiration (jalousie ?) se mêle à une angoisse d’un avenir qui pourrait nous ramener vers des situations ambiguës, avec des comportements sociaux et culturels difficiles à appréhender (trop de frustration, trop de polarisation : personnes âgées très nombreuses, enfants absents du fait d’une natalité réduite, trop de travailleurs sans avenir et dévalorisés, classes moyennes et hautes protégées) qui diffusent un goût indéfinissable dans une appréciation simplement heureuse de cette situation. Mais espérons que ce modèle (temporairement allemand ?) aboutira un jour sur une organisation économique et sociale stabilisée et conviviale.
(Lundi 23 septembre 2013. Auteur: aywerth, reproduction possible après autorisation)