Émotions et tragédies.
L'incendie de ND de Paris est un événement particulier car un tel édifice réunit en lui foi et religion, architecture et richesse, histoire et patrimoine. Ce sinistre est comme si plusieurs bâtiments avaient brûlé au même instant. Historiquement, assister à l'incendie d'une cathédrale est un phénomène rare et seules des archives nous montraient jusqu'à présent des vues de ces destructions. Les guerres ont récemment provoqué de profonds dégâts sur des édifices religieux (Reims, Dresde ou même leur disparition tragique comme le village d'Oradour-sur-Glane et son église) mais avec ND de Paris nous nous situons dans un contexte civil hors conflit armé sur la base de ce qui semble être un accident. Le choc provoqué et la violence des images amènent à vivre ce moment comme une tragédie qui rappelle la guerre mais sans le conflit sous-jacent et dans cette situation la population et les autorités cherchent à exprimer leur effroi en utilisant des mots qui s'approchent d'un langage du conflit (désastre, horreur, douleur, colère..). Le ressenti devant ce [désastre] est particulièrement puissant et, ce faisant, se crée une dynamique du resserrement (appelée aussi communion) qui provoque un élan de solidarité. Les grandes tragédies militaires ou civiles sont des événements qui parviennent à unir les individus au delà des aspects culturels, cultuels et sociaux. Les commémorations sont là aussi pour maintenir cette union. Néanmoins, les réalités sociales et économiques perdurent et l'usage de l'émotion est un exercice délicat nécessitant une certaine retenue et une intelligence des situations.
(Mardi 16 avril 2019. Auteur: aywerth, reproduction possible après autorisation)